Un texte inspiré de Ramesh Bjonnes (auteur notamment de Tantra : the yoga of love, un livre écrit en anglais), que Dada Padmeshananda m’a fait connaître.

Non, le tantra n’est pas juste du sexe mystique.
Beaucoup d’Occidentaux confondent tantra et Kama Sutra. Mais ce dernier parle d’art de l’amour, pas de spiritualité tantrique. Il est sensuel, oui, mais il ne fait pas partie des textes tantriques ou yogiques.
Le magazine Oprah qui touche plusieurs millions de lecteurs a titré en 2006 : le tantra en Occident a été « trop sexualisé ». Et il semble que beaucoup de gens cherchent aujourd’hui quelque chose de plus authentique.
Alors, c’est quoi le tantra ?
C’est une voie spirituelle, un chemin d’équilibre. Le tantra, c’est faire de chaque geste un acte sacré : manger, respirer, aimer, danser, faire l’amour, prier… tout peut devenir spirituel si on le vit en conscience.
Le mot tantra signifie littéralement : pratique pour la libération. Ce n’est pas une religion, mais une manière d’être. Une quête d’union avec le divin — peu importe le nom qu’on lui donne : Brahman, Shiva, l’Esprit, la Conscience cosmique… ou juste l’Amour.
Les tantrikas ne fuient pas le monde, ils l’embrassent. Ils dansent avec les contraires, et savent que tout se dissout dans une même félicité.
Même la science s’en mêle : la neuroscientifique Candace Pert disait que nous sommes « câblés pour la joie ». Le tantra dit pareil depuis des siècles : chaque atome de l’univers porte en lui une étincelle divine.
Mais voilà le secret : ça ne marche pas sans pratique. Pas de transformation sans méditation, chant, danse, respiration, prière… tous les jours, avec cœur. C’est ça, le tantra : de la spiritualité incarnée, vivante, et joyeusement sérieuse.
Le monde est-il une illusion ou bien réel ?
L’Advaita Vedanta dit : « Tout est illusion sauf Brahma ». Le matérialisme réplique : « Il n’y a que la matière, point de Brahma ! »
Le tantra, lui, répond : « Et si les deux avaient un peu raison ? »
Dans la vision tantrique, le monde (Saguna Brahma) est réel… mais pas ultimement réel. C’est une sorte de rêve très convaincant. Derrière tout ça se cache Nirguna Brahma, la conscience pure, le fond d’écran universel.
Pour les matérialistes, le monde fonctionne bien : on peut le toucher, le mesurer, le vivre. Pour les idéalistes, il est changeant, donc pas fiable. Le tantra réconcilie les deux : le monde est une expression vivante de la conscience, pas une illusion à fuir, ni une fin en soi.
C’est important, car le matérialisme pur nous pousse vers le mur, et l’idéalisme seul peut nous faire ignorer la souffrance réelle.
Le tantra propose donc une voie du milieu : agir dans le monde, sans s’y perdre. S’engager avec sagesse, méditer, servir, aimer… sans fuir ni s’attacher.
Bref, vivre pleinement, les pieds sur terre et la tête dans l’infini.