La glande pinéale, un lien avec le yoga ?

Article écrit par Annette, élève en formation de yoga Phusis

La glande pinéale, un portail vers l’éveil ?

En entendant parler de la glande pinéale comme possibilité d’activer une forme d’extase, il m’a semblé pertinent de m’y intéresser. Le yoga m’a paru un bon angle d’approche pour traiter cette question.

Anatomie

La glande pinéale ou épiphyse est une petite glande endocrine – qui génère des hormones – de l’épithalamus dans le cerveau des vertébrés.

Dans l’espèce humaine, la glande pinéale a la forme d’un petit cône d’environ 8 mm ou d’un pignon de pin (d’où l’adjectif pinéale)[1].

Rôle hormonal

La glande pinéale synthétise la mélatonine à partir de molécules captées directement dans le sang. Elle libère cette hormone dans la circulation sanguine et indique ainsi à l’organisme que la nuit arrive. De ce fait, elle contribue à l’endormissement et au maintien du sommeil.

La mélatonine est une hormone dont la sécrétion est typiquement circadienne, c’est-à-dire que sa synthèse obéit à un cycle d’une durée de 24 heures environ. Elle est libérée dans le sang en fin de journée, avec un pic de production entre deux et quatre heures du matin. Ensuite, sa présence dans le corps diminue jusqu’à la soirée suivante.

Pour aller plus loin : Enfouie au fond de notre cerveau, sans accès à la lumière, la glande pinéale reçoit l’information de l’alternance jour/nuit grâce à une horloge interne, logée dans l’hypothalamus du cerveau. L’horloge est « mise à l’heure » par différents agents extérieurs dont le plus important est la lumière.

Lorsque la rétine reçoit de la lumière, un influx nerveux informe l’hypothalamus. Ce signal suit ensuite une voie complexe passant par la moelle épinière et remontant vers la glande pinéale. Elle est alors informée qu’il fait jour : la sécrétion de la mélatonine est inhibée. En revanche, si la rétine ne reçoit pas de lumière, l’horloge interne le signale à la glande pinéale : la sécrétion de mélatonine est alors stimulée.

En soirée, l’exposition des yeux à une lumière artificielle, si celle-ci est intense et persistante, décale la sécrétion de mélatonine : la vigilance reste active et l’endormissement devient difficile.

Il semble que la glande pinéale joue aussi un rôle dans la régulation du développement sexuel par le fait que la mélatonine aurait un effet antigonadotrope qui inhibe l’apparition des caractères sexuels secondaires. La baisse de production de mélatonine à la puberté correspondrait donc à une levée de cette inhibition. Cela expliquerait le fait qu’une destruction ou un dysfonctionnement de la glande pinéale peut se manifester par une puberté précoce (développement accéléré des organes sexuels et du squelette).

La glande pinéale participe aussi à la régulation des rythmes infradiens liés aux saisons (hibernation, œstrus).[2]

Enfin, la glande pinéale est connue également pour sa production de DMT. La DMT est produite pendant le sommeil, la méditation, la prière intense et la pratique du yoga[3].

Certains asanas agissent directement sur la glande pinéale, comme la posture inversée Sarvangasana – La chandelle.

Cette molécule est présente dans le corps lors d’états de conscience modifiés naturels.

La DMT

mage illustrative de l’article DiméthyltryptamineLa diméthyltryptamine ou DMT est une substance psychotrope puissante présente de façon naturelle dans plusieurs plantes, mais existant aussi sous forme synthétique.[4]

D’après certaines recherches[5] sur la DMT, il semblerait que la glande pinéale soit capable d’en produire en infimes quantités, lors d’un stress hormonal, lorsque nous rêvons, et en plus larges quantités lors de notre mort. Cette hypothèse pourrait également expliquer l’origine des EMI. Mais la concentration en DMT est considérée comme trop faible pour pouvoir produire un effet psychotrope et il y a des explications alternatives à la DMT à la production d’états de conscience altérés.[6]

Malgré tout, le parallèle entre DMT et EMI tend à se confirmer.

En effet, une étude menée par des chercheurs du groupe de recherche psychédélique de l’Imperial College de Londres, en collaboration avec des spécialistes du coma de l’université de Liège, montrent que la DMT induit des effets similaires à ceux décrits par les personnes ayant vécu une expérience de mort imminente. [7]

C’est la première fois qu’une étude scientifique évalue la relation entre une EMI induite par une drogue et une « véritable » EMI, survenant chez des patients comateux ou accidentés et se manifestant par la vision d’un tunnel, d’une lumière brillante, un sentiment de paix intérieure, une expérience de décorporation (« sortie de corps »), d’entrée dans une « autre réalité », la rencontre avec des « êtres » spirituels.

Les auteurs estiment que l’expérience psychédélique pourrait permettre de mieux appréhender la psychologie et la neurobiologie associée à la mort.

La DMT est présente à l’état naturel dans de nombreuses plantes, elle est le principal principe actif de la préparation à base Ayahuasca, une infusion aux effets hallucinogènes utilisée dans des cérémonies tribales d’Amérique du Sud et centrale. Le terme Ayahuasca est issu de la langue Quechua, parlée au Pérou, dans certaines régions des Andes, ainsi qu’en Colombie et Argentine. La traduction littérale d’Ayahuasca est « vin du mort » ou « vin de l’âme », selon les auteurs.[8]

L’effet recherché, par l’intermédiaire d’un état de conscience modifié, est, outre une libération émotionnelle, celui d’une expérience spirituelle ou mystique.

La glande pinéale, productrice de ces molécules, permet de faire vivre des expériences spirituelles ou mystiques intenses.

Elle est souvent associée au troisième œil, le centre de la connaissance de soi-même et de la sagesse.

La glande pinéale serait-elle le troisième œil ?

Le troisième œil, comme le définit Wikipédia, est une métaphore mystique et ésotérique d’origine orientale qui désigne, au-delà des yeux physiques, un troisième regard, celui de la connaissance de soi et de la sagesse. Dans certaines traditions, le troisième œil est symboliquement placé sur le front, entre les sourcils.[9]

L’anatomie et l’embryologie comparées de la glande pinéale montrent que certains de ses neurones partagent une origine évolutionnaire commune avec les photorécepteurs de la rétine. Ainsi chez certains reptiles et oiseaux, la glande pinéale qui est située juste sous la surface du crâne, capte l’intensité lumineuse extérieure et permet ainsi d’ajuster le rythme circadien de l’animal, ce qui fait qu’on la désigne parfois comme le « troisième œil » des vertébrés primitifs.

Chez les mammifères, dont l’homme, la glande pinéale a perdu cette fonction photoréceptrice et seules les cellules de la rétine contribuent à la perception de la luminosité ambiante.[10]

Même si l’évolution a éloigné la glande pinéale chez l’homme, elle reste, dans plusieurs cultures, encore associée au « troisième œil ». La glande pinéale est parfois aussi appelée « le troisième œil atrophié ».

Cela se réfère à une fonction métaphysique supposée de la glande. Elle serait un lien entre le monde physique et le monde spirituel. On dit que le troisième œil s’ouvre avec la lumière du soleil, le yoga et la méditation[11].

En effet, dans la mythologie védique du Yoga, la glande pinéale est associée, tantôt au chakra Ajna ou 3e œil, tantôt au Sahasrara ou chakra de la couronne, situé au sommet du crâne. Elle est aussi associée à Bindu Chakra, que nous verrons plus loin.

Développant toute une mythologie autour du soleil et de l’œil, l’écrivain Georges Bataille puise à la fois dans les mythes, l’ethnologie, les religions et la biologie pour imaginer et penser une « anthropologie mythologique » de l’œil pinéal, associant expérience érotique et pensée rationnelle.

Un théorie célèbre est aussi celle du philosophe français René Descartes qui désigna la glande pinéale comme le « siège » de l’âme. La glande pinéale se trouve juste au-dessus de l’aqueduc de Sylvius dont Descartes pensait qu’il guidait ce qu’il appelait les « esprits animaux » censés faire naître les sensations dans l’âme en frappant la glande pinéale.

Parallèle avec Bindu et Tighlé

Pour faire un parallèle avec le corps énergétique (les chakras entre autres), les éléments qui se rapprochent le plus de la glande pinéale sont Bindu et Tighlé.[12]

Bindu en sanskrit et Tighlé en tibétain se rapportent aux « gouttes essentielles ». Bindu signifie à la fois « goutte », « point » ou encore « signe sur le visage ».[13]

Dans le Livre des Morts Tibétain, les « gouttes essentielles » sont une énergie subtile. Elles jouent un rôle dans la méditation tantrique et interviennent lors du bardo du moment de la mort.

Il en existerait deux types : l’une, appelée « sang » (en sanskrit rakta), est rouge, féminine, en lien avec l’ombilic ; l’autre, appelée « immortalité », « ambroisie » (en sanskrit amrita), est blanche, masculine, en lien avec la tête.

La tradition veut que Bindu soit représenté par un croissant de lune dans une nuit claire. La partie supérieure droite du symbole Om (ॐ)  représente Bindu Chakra[14]. En couleur, Bindu est dessiné comme une lune violette ronde avec un croissant blanc dans sa partie inférieure, entouré d’un ciel pourpre étoilé.

Dans la structure psychophysiologique, un petit point est assimilé à Bindu, il est décrit comme un petit puits contenant une sécrétion infime dans laquelle apparaît une minuscule pointe, semblable à une île qui perce l’eau au milieu d’un lac. Ce centre n’existe malheureusement pas encore pour la science médicale.[15]

Au niveau du corps énergétique, Bindu chakra ou Bindu Visarga fait partie des chakras majeurs (bien que certaines écoles ou certains monastères relayent Bindu en chakra secondaire).

On situe Bindu Visarga au sommet et à l’arrière de la tête, là où les jeunes étudiants yogiques hindous se laissent pousser une touffe de cheveux sur leurs crânes rasés[16].

Le son d’éveil de Bindu est le son de Om. Pour les sikhs, c’est la mantra Naam. Om est le son entendu lorsque Bindu est éveillé.

Des textes tantriques disent que Bindu émet une sécrétion enivrante, l’amrita – vu plus haut –  qui remplace toutes les nourritures terrestres. L’humain peut rentrer comme en hibernation une fois le nectar délivré. Bindu est l’endroit où l’unité se fragmente, où le monde se crée. La conscience illimitée, l’état de vide, un niveau de conscience pure sont différents attributs de Bindu Visarga tout comme la plénitude.

La puissance de Bindu se retrouve dans un seul petit point ; les maitres yogis comparent cela à la théorie du big-bang lorsqu’un point de matière infiniment dense se mit en expansion pour créer le cosmos.

Synthèse

La glande pinéale – ou épiphyse – a un rôle hormonal important et sécrète une molécule psychotrope, la DMT. Dans certaines cultures traditionnelles, cette molécule, produite à base de plantes, est utilisée en vue d’une libération de l’esprit. Ces psychotropes induisent des états modifiés de conscience proche des Expériences de Mort Imminentes (EMI). Des recherches sont en cours.

La glande pinéale joue donc un rôle dans certains états modifiés de conscience (sommeil, méditation).

Par ailleurs, la glande pinéale est encore parfois associée au « troisième œil », le regard de la connaissance de soi et de la sagesse.

Au niveau du corps sensible, la glande pinéale est proche de Bindu Chakra – ou Tighlé. L’activation de ce chakra engendre un sentiment de plénitude.

Ces différents éléments nous amènent à l’idée que la glande pinéale serait une voie d’accès à un état modifié de conscience amenant à des expériences spirituelles, souvent fortes, éveil partiel voire total.

La glande pinéale est-elle un portail vers l’éveil ?

Quelle que soit l’approche par laquelle on aborde la glande pinéale, il semble que son action soit bien en lien avec une modification voire une élévation de conscience.

Sauf exception, l’éveil total est souvent précédé de plusieurs éveils en amont, qu’il convient d’alimenter et de cultiver. Chaque chemin de vie s’inscrit donc dans une progression. Ainsi, l’activation de la glande pinéale ou de Bindu semble être une intention à la fois prometteuse et ambitieuse dans ce chemin de progression.

En effet, dans la tradition yogique, pour activer Bindu, il est nécessaire que l’énergie de la Kundalini puisse y accéder. Elle doit circuler en remontant du bas de la colonne en passant dans l’ordre par les autres chakras (sacré, ventral, cœur, gorge). L’énergie doit pouvoir circuler librement par ces points, qui doivent donc être libérés au préalable. Ainsi, lorsque la kundalini se déroulera, elle pourra atteindre Bindu et son niveau de conscience pure.

Pour ma part, j’ai encore de quoi faire.

Pratiquons encore!


[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Glande_pinéale

[2] https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/biologie-cellulaire/qu-est-ce-que-la-glande-pineale_162570

[3] https://www.facebook.com/AyahuascaHealingTheWorld/

[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Diméthyltryptamine

[5] https://en.wikipedia.org/wiki/Rick_Strassman

[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Expérience_de_mort_imminente

[7] https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2018/08/19/lhallucinogene-dmt-mime-les-effets-dune-experience-de-mort-imminente/

Les résultats de cette étude ont été publiés le 15 août 2018 dans la revue en ligne Frontiers in Psychology. Celle-ci a consisté à administrer par voie intraveineuse à 13 sujets de la DMT, substance connue pour induire une expérience de type mort imminente (EMI, ou NDE en anglais, pour Near-Death Experience). Il s’agissait de déterminer si l’intensité de l’EMI induite par la DMT pouvait être équivalente à celle des « véritables » EMI.

[8] https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2018/08/19/lhallucinogene-dmt-mime-les-effets-dune-experience-de-mort-imminente/

[9] https://fr.wikipedia.org/wiki/Troisième_Oeil_(Esotérisme)

[10] Ibid

[11] https://therapeutesmagazine.com/5-fonctions-de-la-glande-pineale/

[12] Ayant trouvé plus d’information concernant Bindu que Tighlé, je parlerai ici principalement de Bindu. Tighlé est en général cité dans la pratique de toumo, le yoga du froid.

[13] https://fr.wikipedia.org/wiki/Bindu_(sanskrit)

[14] Aussi appelé Bindu Visarga.

[15] https://www.yoga-des-alpes.fr/cours_yoga_paris/parlons-yoga-bindu-visarga/

[16] https://fr.wikipedia.org/wiki/Bindu_visarga

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