Pourquoi tant de symbolisme pour parler des chakras ?

Pourquoi les carrefours nerveux, énergétiques du corps sont-ils représentés par des symboles ?

Faute de pouvoir désigner directement la réalité, toutes les traditions ont eu l’ingéniosité de la suggérer à travers le langage des symboles (L’arbre de la terre au ciel,  H. Normand,p157). Mais globalement, en Inde spécifiquement, la classification concerne tous les aspects de l’existence (voir mon article sur mon carnet de recherche sur la science indienne ).

En fait le symbolisme autour des chakras fait partie d’un symbolisme bien plus large qui concerne tous les aspects de l’existence. Les canaux d’énergie qui circulent dans le corps sont relatifs aux cinq éléments (voire 9 éléments) qui composent la synthèse de la matière. Or ces éléments sont les constituants de tout ce qui existe, donc la correspondance est partout possible. Il est possible de développer les principes exposés dans le yoga de la kundalini sur tous les plans de perception : les sons, les couleurs, les chiffres, les symboles essentiels, etc. Ce qui est le cas dans la plupart des traditions religieuses où les implications des énoncés sont illimitées.

Les états de conscience, sont symbolisés aussi par les différents chakras. « De la base endormie au sommet pleinement éveille, se trouvent tous les états de conscience. » p 159 op cit

Une autre raison de cette forte présence des symboles dans la présentation des chakras est que ceux-ci ont une grande place dans le tantrisme. Or, les pratiques tantriques impliquent souvent des rituels, des mantras et des visualisations complexes, tout autant qu’une imagerie obscure et hautement symbolique et un langage (souvent érotique). L’origine du tantrisme est obscure mais sa thèse centrale est que le corps physique – avec ses défauts et sa tendance à décliner – peut être transformé en un véhicule pour la libération et un temple pour le divin ( 108 Gems for understanding Nâdî and Cakra – funky guru publication, 2008).

Il est important de comprendre que le Hatha Yoga dans sa conception du corps, avec les canaux subtils (nadis), ses centres le long de la colonne (cakra), son énergie endormie (kundalini), sa force vitale (prana), sa solaire (ha, surya, pingala) et lunaire (tha, candra,ida) imagerie, est tantrique dans son origine.

Bien que l’anatomie conventionnelle s’occupe de structures physiques, l’anatomie yogique est bien différente. C’est une carte de structures ésotériques conçue par la méditation profonde. Il est plus utile de voir ce modèle comme un réseau sous-terrain (comme les métros de Londres, Paris ou New-York) avec ses propres codes et représentations, plutôt comme un fac-similé des structures du corps humain.

Il existe différentes versions de cette anatomie yogique, des traditions anciennes suggèrent moins de chakras. Cependant le système de 6 (ou 7) chakras est devenu le modèle prédominant. Le texte qui décrit de manière la plus claire leur place et iconographie est Sat Cakra Nirupana, un texte du 16ème siècle traduit par Arthur Avalon en 1916 sous le titre « The serpent power ».

 « La Kundalini est considérée comme un arbre en raison de sa verticalité symbolisée par la colonne vertébrale, de ses racines, mûla, et de sa cime qui est représentée par un lotus, padma. Aux branches de l’arbre sont substituées des roues, chakra, des cycles ou des cercles qui marquent la progression et les différentes étapes de la vibration initiale. La sève de cet arbre symbolique passe par les courants, nâdi, qui circulent dans le tronc. » (Normand, p168)

« Théoriquement, il existe 72000 nâdî, ce qui apparaît comme une ramification semblable à celle du système nerveux. Le chiffre 72 (9×8) signifie symboliquement le passage (7+2=9) de tous les premiers chiffres (8) et « 1000 » a le sens de beaucoup. Le 9 n’est pas considéré comme un chiffre mais comme une transition. Il n’y a pas forcément de correspondance avec les méridiens chinois, mais des points de concordance. »
(L’arbre de la terre au ciel, op cit)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

*