Différents supports de méditation (Samyama)

Qu’est-ce que samyama, la technique au coeur des Yoga-Sutra ? C’est une méditation.

Samyama = rester focus + longtemps + sans séparation

Samyama = dharana + dhyana + samadhi

Dharana : rester fixement sur l’objet ou le thème choisi

Dhyana : y rester longtemps

Samadhi : union, connaissance directe, sans jugement, sans séparation, libération

Ce dernier terme, Samadhi, est plus le compliqué des trois à décrire. Il est question de connaissance directe, non séparée. Cela veut dire que vous et l’objet de méditation ne sont plus considérés comme séparés. La méditation sur le son est une bonne pratique pour sentir cette non séparation. La source du son sur lequel nous méditons peut sembler par localisée éloignée. Le son est non localisé, il est tout autour de nous et nous traverse même. Méditer sur un objet est plus difficile, mais l’idée d’omnipénétration est aussi valable, car la lumière aussi pénètre tout, et la lumière de l’objet sur lequel vous méditez pénètre en vous et est étendue dans toute les directions. Il n’y a pas de frontière entre vous. Atteindre cette connaissance sans séparation passe par le non jugement. Dès lors que vous jugez ou analysez, vous créez une séparation. C’est un peu comme jouer d’un instrument de musique avec deux rythmes différents dans chaque main (tablas, batterie, etc.). Si vous vous concentrez sur le rythme de votre main droite, aussitôt vous perdez le rythme de votre main gauche. C’est avec une forme de recul et d’ouverture de votre conscience, que vous pouvez rester longtemps dans le rythme des deux mains de manière harmonieuse.

Voici quelques supports de méditation proposés dans les Yoga-Sutra :

Sutra III.34. En méditant sur l’espace du cœur, on connaît le fonctionnement du mental.                                                                                     

À première lecture, ce sutra étonne, pourquoi le cœur serait-il l’organe qui permet de comprendre le cerveau ? Beaucoup de civilisations ont situé l’organe de la connaissance dans le cœur. Ainsi les Indiens Pueblos taquinaient-ils C.G Jung lorsqu’ils lui disaient qu’il était fou de croire qu’il pensait avec sa tête ! ( Ma vie, souvenirs, rêves et pensées). François Lorin commente ce sutra de manière très juste je trouve dans ses commentaires des Yoga-Sutra. Il écrit « l’activité mentale ne peut pas se connaître elle-même ; il faut une dimension supérieure : le cœur qui n’est pas sentiment, mais écoute et vision. Lorsque la pensée et le sentiment sont réunifiés, ils soutiennent l’être humain accompli ». C’est ce point intime au plus proche du Soi, qui donne accès aux expressions diverses du mental. J’ai médité (samyama) sur le cœur pour vérifier ! Et j’ai été surprise de sentir à quelle point quelque chose s’ouvrait dans mon crâne lors de ces méditations. Un lien très réel unit le cœur et le cerveau. Au-delà des organes, on est invité à explorer les dimensions plus subtiles de ces attributs, pour appréhender la profondeur de ce sutra. Le mieux encore une fois est de vous y mettre. Pratiquez Samyama (la méditation) sur le cœur, et faîtes vous un avis. La vérité se touche avec le cœur. 

Sutra III. 32 Par la méditation (samyama) sur kurma nadi (le canal de la tortue), on obtient la stabilité.

Samyama est une attention focalisée pendant un certain temps sans imprégnation mentale. Kurma nadi est le un canal énergétique du corps, qui fait circuler le souffle de la tête jusqu’aux bronches et qui signifie « canal de la tortue » car il permet de rester ancré dans le corps, tout en déployant notre perception au-delà. La tortue peut en effet être dans l’eau et à l’extérieur de l’eau, de même qu’elle peut entrer en soi en un clin d’oeil. Le souffle (prana) est ce qui nous relie à l’extérieur et à l’intérieur. En méditant sur ce canal, on obtient, dit ce sutra, la stabilité. Pourquoi la stabilité ? Je me suis posée la question, et c’est la pratique qui m’a apporté une réponse. Lorsque l’on est soumis au flot mouvant des évènements extérieurs, on peut faire des excursions à l’intérieur de soi et prendre du recul. De même, lorsque l’on est agité intérieurement par des émotions, on peut se relier à l’extérieur. Par la capacité à passer de l’intérieur à l’extérieur et réciproquement, on trouve ainsi cette prise de recul qui apporte de la stabilité.

Et si vous en savoir plus sur le canal de la tortue, regardez cette video de Sadghuru

Sutra III. Par samyama sur le chakra du nombril, on a la connaissance du fonctionnement du corps

Nâbhi : nombril

Cakre : centre énergétique

Kâya : corps

Vyûha : agencement

Jnânam : connaissance

Ce chakra est lié au cordon ombilical, c’est autour de lui que se construit et s’agence le corps. C’est le centre d’où part une myriade de conduits subtils (nâdi) qui parcourent l’ensemble du corps pour distribuer et alimenter l’énergie et l’agencer dans le corps.

C’est le chakra de la digestion et de l’assimilation, du feu. Donc centre de distribution avéré.

Sutra III. 25 Samyama sur la bienveillance et la sympathie développe ces qualités en nous. (Maîtri âdisu balâni )

Bâlani force

Maîtri : sympathie, bienveillance

Adisu : les autres

On peut s’inspirer des méditations de bienveillance et compassion bouddhistes et souhaitant le bonheur de certains êtres de notre connaissance (famille, amis) puis en l’élargissant à des inconnus. On peut aussi ressentir en nous la sympathie que l’on ressent naturellement pour ces personnes. Puis il s’agit de considérer ce ressenti sans avoir une personne spécifique à qui l’adresser. Cette pratique développer les qualités correspondantes. La visualiation dépasse la sphère des sentiments particuliers pour devenir une réelle qualité intrinsèque.

Sutra III.18 Lorsqu’on voit (scrute par la spécialisation – samyama) les empreintes de ses habitudes (nos tendances profondes – samskaras), il y a connaissance de nos états antérieurs (naissances passées). 

Par le samayama sur nos conditionnements, motivations, impressions latentes, par l’enquête systématique des fondements de nos comportements et dispositions cachés, on perçoit ce qui a précédé notre naissance, notre caractère.

Jâti : naissance, caractère

Pûrva : antérieur

Sâksat-karanât : dévisager, scruter, regarder distinctement (enquête systématique, en profondeur).

Si l’on ne veut pas faire référence aux vies antérieures, on peut aussi considérer qu’il s’agit des impressions latentes qui laissent des traces (chap 3). Elles peuvent venir de ce que notre lignée familiale a induit pour notre personnage (attentes en termes de valeurs, de comportement, de caractère, de genre masculin/féminin, de succession, de profession, etc.).

2 commentaires sur “Différents supports de méditation (Samyama)”

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